Coproduit par Abissa Production (Côte d’Ivoire) et [email protected] (Bénin), Sessi, long métrage de fiction écrit et réalisé par la Béninoise Elvire Annick Adjamonsi, aborde avec hauteur la problématique du respect des droits de l’enfant, et notamment ici du droit à l’information.
Il lui aura fallu presqu’une décennie de patience, de travail et d’abnégation pour enfin arriver à ses fins. Ce film, Elvire Annick Adjamonsi l’a rêvé, caressé, nourri de ses multiples rencontres et échanges, enrichi des expériences des ateliers d’écriture auxquels elle a participé depuis 2004. Finalement, c’est au bout de 9 longues années que ce projet filmique est devenu une réalité. La sortie de Sessi en mars dernier sonne ainsi comme la rançon du courage et de la détermination de cette jeune femme, qui n’a pas baissé les bras face à l’adversité, allant au bout de ses efforts pour raconter, sur le grand écran, mais aussi sur les petits écrans, cette histoire qui lui tenait tant à cœur.
Jeune garçon de 14 ans, Bidosessi (tout est entre les mains de Dieu), est plus volontiers appelé par son diminutif Sessi. Un jeune adolescent, élève de la clase de quatrième, qui comprend déjà certaines réalités de la vie. Orphelin de père, Sessi vit avec sa mère, à qui il voue un amour profond. Mais le pauvre garçon souffre énormément en assistant à un défilé d’hommes dans leur maison. A cette souffrance sourde et silencieuse, viendra bientôt s’ajouter une autre, autrement plus aiguë. Non, Sessi n’avait pas imaginé qu’il allait devoir se séparer de sa mère. Encore moins que cette femme qui lui a donné la vie et qu’il aimait par-dessus tout l’enverrait ainsi vivre loin d’elle, brusquement et sans aucune explication.
FRUSTRATION
Le jeune garçon s’intègre difficilement dans son nouvel univers, auprès de sa grand-mère, qu’il voit mourir quelque temps après, et de son oncle, Boubacar, dont la seconde épouse, Bintou, ne rate aucune occasion pour lui témoigner une cordiale hostilité. Alors que sa vie bascule, suite au décès de sa grand-mère qui le protégeait contre les méchancetés de Bintou, Sessi, déjà éprouvé par la séparation d’avec sa mère dont il supporte mal le silence, apprend que cette dernière est malade et va mourir. Il découvre alors avec amertume que cette maman tant aimée est atteinte du Sida. Tout s’éclaire. La brusque séparation, le silence, l’indifférence, c’était donc cela! Sa mère lui a tout caché, on l’a privé de la vérité. Frustré et en colère, Sessi se refuse d’abord à rendre visite à sa génitrice. Avant de se battre, avec la bienveillante attention d’une gentille et amoureuse Awa, pour trouver de quoi voler au secours de sa mère grâce à des médicaments antirétroviraux.
Au-delà de la trame de cette histoire émouvante, la réalisatrice a surtout voulu mettre en relief le fait que bien souvent, dans les familles africaines, «soit l’enfant est mal compris, soit les parents sont mal compris par l’enfant». En l’occurrence, le questionnement ne manque pas de pertinence: «Que dire ou cacher à l’enfant? A quel moment lui révéler certaines vérités? A quel âge l’enfant doit-il pouvoir comprendre le sens de certaines choses dans la vie? Quel type de relation doit unir l’enfant à ses parents?»
Ce sont justement toutes ces questions, et bien d’autres, qui ont titillé les réflexions d’Elvire Annick Adjamonsi suite à une rencontre qu’elle a faite avec un jeune garçon de quatorze ans en République centrafricaine. «Très émue par le récit de sa vie depuis son enfance auprès de ses parents jusqu’à son intégration dans le milieu des enfants de la rue encore appelés Godobe, et ses réactions face au VIH-Sida, j’ai décidé de m’appesantir sur cet aspect de la vie sociale africaine», confie la réalisatrice de Sessi, qui espère que son film constituera «un support pour toutes les formes de lutte contre l’enfance malheureuse».
VICTOIRE
Née à Porto-Novo, la capitale du Bénin, Elvire Annick Adjamonsi, 42 ans, a roulé sa bosse dans plusieurs manifestations culturelles et filmographiques. Au terme de sa formation en communication et techniques audiovisuelles à l’Institut panafricain pour le développement de l’Afrique de l’Ouest (Ouagadougou, Burkina Faso) en 1996, elle a cumulé plusieurs expériences professionnelles. Réalisatrice à la chaîne de télévision LC2 entre 1998 et 2001, informaticienne et graphiste à ses heures, elle a également collaboré à plusieurs journaux aussi bien au Bénin qu’à l’extérieur. Gestionnaire des associations et projets culturels, elle a managé, en 2009, la deuxième édition des Rencontres internationales de court métrage du Bénin (@fricourt) à Cotonou; avant de poser ses valises à Pointe-Noire, au Congo, où elle fut notamment chargée de l’administration de la septième édition du festival N’Sangu Ndji Ndji.
Avec la sortie de Sessi, sa première œuvre cinématographique, Elvire Adjamonsi, qui entre de fort belle manière dans le cercle des réalisateurs à découvrir, vient de gagner une première victoire au bout d’un véritable parcours du combattant. Reste à souhaiter à ce film, pour lequel les comédiens et l’équipe de production ont «abattu un grand travail malgré de faibles moyens», de vivre des aventures formidables. En attendant qu’il marque les critiques dans les festivals en Afrique et en Europe, Sessi devrait être diffusé bientôt sur les chaînes de télévision nationales des pays francophones.
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