NotreAfrik – Respect des Constitutions et croissance inclusive en 2015

Respect des Constitutions et croissance inclusive en 2015

Jan 01, 2015 A MON AVIS, ACTUALITE, BLOG 0

Ce 51^e numéro de votre magazine panafricain Notre Afrik est aussi le tout premier de cette cuvée 2015. Une année nouvelle, qui porte déjà en elle la note récurrente des espoirs d’un continent plus que jamais assoiffé de paix, de démocratie, de liberté et de développement. Incontestablement, et à l’aune des évènements qui ont jalonné 2014, c’est une nouvelle année de défis qui commence pour l’Afrique. Cela d’autant plus que l’agenda politique et démocratique du continent affiche plusieurs rendez-vous électoraux dont certains font craindre sinon le pire, du moins des échauffourées évitables.

Cela n’aura échappé à personne, la « révisionnite » aiguë des Constitutions qui s’est emparée du continent depuis plusieurs années a enregistré un premier revers sérieux au Burkina Faso en octobre dernier. Et il est évident que la prouesse des populations burkinabè, sorties massivement dans les rues de Ouagadougou, la capitale, et des autres villes du pays pour mettre un holà au charcutage constitutionnel continuera de marquer durablement les esprits. Tout bien pensé, il s’agit d’un cri venu des tréfonds d’un peuple pour souligner combien il est primordial, dans nos pays, de refonder — de fonder tout court — la vertu institutionnelle et démocratique.

Je salue à nouveau ici ce vent nouveau qui souffle sur le continent, et qui témoigne de la maturité des peuples, de la capacité des générations actuelles à peser sur le débat social et à réinventer demain. La Tunisie ne vient-elle pas de nous en donner à nouveau une magistrale démonstration à travers la tenue réussie d’une élection présidentielle qui prend déjà date dans l’histoire ? Après avoir été le précurseur du « printemps arabe », la Tunisie a signé, le 21 décembre dernier, un contrat que l’on espère perpétuel — il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement — avec la liberté de choisir, enfin, un président dans des urnes démocratiques.

Mais notre continent, résolument en quête d’émergence économique, aspire également à une croissance plus inclusive pour porter les espoirs de populations qui ne comprennent plus rien à la mécanique des chiffres. Au moment où l’Europe, en panne, cherche désespérément à renouer avec la croissance, ne voilà-t-il pas que le continent noir affiche fièrement des taux de croissance flatteurs ! Pour 2014, quoique la chute des cours du pétrole ait handicapé quelque peu ses prévisions de 5,7% de croissance, les pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (Cemac) revendiquent un appréciable 4,9%. Tandis qu’en Afrique de l’Ouest, l’Uemoa annonce un excellent 6,8% de taux de croissance pour l’année qui vient de s’achever. En saluant les prouesses et les perspectives économiques de l’Afrique, Africa’s Pulse, publication semestrielle de la Banque mondiale, prévoit même une croissance du PIB de 5,2% en 2015-2016, contre 4,6% en 2014 en Afrique.

Paradoxalement, toutes ces bonnes nouvelles, ces chiffres qui font pâlir d’envie les économies d’Europe ne remplissent pas (encore ?) les assiettes des ménages africains. De plus, alors que 2015 nous rappelle cruellement que les huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), pour lesquels les chefs d’Etat et de gouvernement de la planète se sont engagés en 2000, ne seront atteints par aucun de nos pays, il est de bon ton de renvoyer chaque dirigeant à ses responsabilités. Qu’avez-vous donc fait de nos rêves pour un monde meilleur, où ne prospèrent plus la pauvreté et l’extrême pauvreté ?

En tout état de cause, il nous faut inscrire le continent dans une véritable dynamique de croissance inclusive en s’appuyant sur les énormes potentialités de l’Afrique, et profite réellement aux populations. Engagés dans cette dynamique pour le développement de l’Afrique, Notre Afrik, et sa société éditrice, Samori Média connection, ont initié, en octobre 2014, le rendez-vous annuel du Rebranding Africa Forum. Votre magazine entend ainsi, au-delà de la réflexion, mettre le continent au cœur des problématiques actuelles qui appellent à la transformation de l’Afrique par des actions pertinentes et efficaces. Du reste, d’éminentes personnalités du monde économique et du développement se retrouveront à nouveau les 16 et 17 octobre prochains à Bruxelles pour décortiquer le thème « Investir en Afrique, entreprendre pour l’Afrique ».

En espérant, à l’orée de cette année nouvelle, que notre continent s’inscrira résolument dans le cercle vertueux du respect des Constitutions, je forme le vœu qu’il réussisse aussi le pari nécessaire de son développement, un bond réel, à travers une croissance inclusive pour le bien-être de ses valeureuses populations.

Par Thierry Hot