Oct 03, 2013 FACON DE VOIR 5
Le 25 mai prochain, les chefs d’Etat africains se réuniront à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, pour célébrer le cinquantenaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) devenue Union africaine (UA) en 2002. Célébrations auxquelles seront certainement conviées de nombreuses personnalités non africaines, dont notamment celles qui, depuis toujours, torpillent systématiquement toute possibilité d’unité en Afrique. D’aucuns y verront une forme collective du syndrome de Stockholm, là où d’autres parleront de courtoisie diplomatique.
Toujours est-il que ci et là, on se demande déjà si le rendez-vous d’Addis-Abeba sera une fois de plus un rendez-vous manqué de l’Afrique avec elle-même. Pour quel bilan et quelles perspectives? Des questions sont en effet légion, qui portent sur le sens et l’intérêt de ce énième sommet de l’UA. Et interminable serait la litanie d’impératifs à satisfaire et de ruptures à opérer à ce propos.
«Il faut cesser de tromper les masses par des rafistolages mineurs et accomplir l’acte qui consomme la rupture avec les faux ensembles […] sans lendemain historique. Il faut basculer définitivement l’Afrique […] sur son destin fédéral», s’écriait déjà Cheihk Anta Diop en 1960 dans Les fondements culturels techniques et industriels d’un futur Etat fédéral d’Afrique noire. Il ajoutait qu’afin d’éviter la balkanisation de l’Afrique et sa transformation en une multitude de petites royautés politiquement et économiquement aliénées, l’idée de fédération devait refléter chez nous tous et chez les responsables politiques en particulier un souci de survie […] au lieu de n’être qu’une expression démagogique dilatoire répétée sans conviction du bout des lèvres!
Telle est, avant la lettre, la mission principale qu’assignait Cheikh Anta Diop à nos dirigeants politiques. Mission que reprirent par ailleurs bon nombre de pères fondateurs de l’OUA et de penseurs panafricanistes. Mais où en sommes-nous aujourd’hui? Nulle part, osons-nous le dire! Depuis les années 1960, l’histoire de l’Afrique est globalement une succession de capitulations et d’avortements politique, économique, culturel, etc. Comment y remédier? A défaut d’un retour, s’impose plus que jamais un recours aux penseurs et leaders panafricanistes qui tracèrent, parfois avec une précision et une prémonition exemplaires, les chemins d’une authentique et progressive unification de l’Afrique. L’impossibilité d’en expliciter ici les pensées nous oblige à en rappeler simplement quelques-uns des axes les plus pertinents.
Premièrement, opérer la transformation pragmatique de nos difficultés en problèmes à résoudre impérativement par et pour nous-mêmes. Ce qui suppose que l’on tourne le dos aux recettes politiques et économiques pensées sans nous et très souvent contre nous: «bonne gouvernance», «émergence», etc. A l’heure de la globalisation et des regroupements régionaux, à défaut d’être utopique, l’émergence de chaque pays africain, séparément, ne constituerait en réalité qu’un pas de nain de jardin sur le chemin de la nécessaire unité africaine.
C’est pourquoi, deuxièmement, notre objectif primordial doit demeurer inchangé, prendre appui sur l’unité historique, psychique, linguistique, géographique, culturelle pour construire l’unité économique et politique aux plans sous-régionaux, puis continental.
L’unité économique requiert d’importants préalables, notamment la mise en lumière de nos ressources naturelles et des différents pôles d’industrialisation qui doivent en résulter; elle aura pour boussole un plan d’industrialisation conjointement adopté, et prévoyant des transferts appropriés de technologies. Et quant à l’unité politique, elle suppose l’éradication de la pandémie dictatoriale sur le continent, et des conflits et maux multiformes qu’elle engendre. C’est aux peuples africains qu’incombe cette tâche. D’autre part, le facteur humain étant primordial pour le développement, un accent très particulier devra être mis sur la formation de notre jeunesse, afin de libérer tout le potentiel créatif et prométhéen dont elle dispose. Enfin, l’Afrique n’a d’autre alternative que de se doter d’une armée suffisamment dissuasive pour se prémunir contre l’incurable impérialisme et les multiples conflits armés qui oblitèrent son émancipation. Telles sont quelques-unes des principales voies à explorer pour rompre avec le statut d’eunuques politiques dans lequel nos dirigeants et nous-mêmes semblons nous complaire, et envisager raisonnablement l’espoir d’une renaissance de l’Afrique qui, faut-il le rappeler, est le berceau des civilisations humaines…
© Notre Afrik N°33, Mai 2013
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