Membre du Comité de Direction en charge de la finance et de la stratégie du consortium SDA & SDAI, Michaël Delvaux détaille la stratégie du groupe belgo-luxembourgeois spécialisé dans la distribution. Fondé par Philippe de Moerloose en 1991, le groupe réalise 450 millions d’euros de chiffre d’affaires sur le continent, surtout dans la distribution automobile et d’équipements de chantier, de BTP, pour les mines ou l’agriculture (John Deere, Hitachi, Volvo…), avec 20 000 véhicules, machines et poids lourds commercialisés par an dans 25 pays africains. Discret, le groupe a fait parler de lui fin 2011, en mariant sa société Demimpex (Ford, Nissan, VW, Audi…) à celle du franco-marocain Optorg (Mercedes, Hyundai, Kia, Dacia). SDA-SDAIdétient 40 % de cet ensemble baptisé Tractafric motors corporation, et est N°2 africain de la distribution automobile derrière Cfao.
Notre Afrik : L’année 2013 est bien avancée, quels enseignements pouvez-vous déjà en tirer concernant l’activité de la Société de distribution africaine (SDA) ?
Michaël Delvaux : Pour ce qui est de l’activité du premier semestre et de l’atterrissage que nous prévoyons pour 2013, nous sommes assez confiants pour réitérer des résultats identiques à ceux de 2012. Notre groupe a la capacité de fournir un résultat net de l’ordre de 10 millions d’euros par an, notre objectif est donc clairement d’atteindre ce chiffre cette année.
L’année est-elle mauvaise pour viser des résultats identiques à ceux de 2012 ?
Il faut savoir que cette année est un peu plus compliquée, notamment dans les mines. De gros investissements sont gelés, suite à la baisse des cours d’une série de matières premières depuis le début de l’année. Nos résultats pour 2013 dépendront donc aussi de la réalisation ou non de ces investissements. Mais grâce au dynamisme de nos équipes sur le terrain, et à la mise en place de structures fortes ici, à Bruxelles, depuis deux ans, avec les comités de direction, nous parviendrons à des résultats tout à fait corrects.
Comment cela se traduit-il en chiffres ?
Nous atteignons actuellement un chiffre d’affaires d’un peu plus de 200 millions d’euros sur les activités que nous détenons à 100 %. En tenant compte de nos autres participations, on peut doubler ce chiffre pour atteindre les 450 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013. Je pense principalement aux 40 % que nous détenons dans Tractafric motors corporation (TMC).
Quels sont les marchés ainsi que les produits qui sont les plus porteurs ? Et les plus décevants en 2013 ?
De nos quatre pôles d’activités, ce sont les ventes d’équipements en Algérie, au Nigeria, au Ghana, avec une première percée au Liberia, qui sont les marchés les plus dynamiques. Mais je dirais d’une manière générale que l’Afrique se porte bien. Nous connaissons des taux de croissance de 4 % à 8 % selon les pays. Il n’y a pas de marché où nous sommes vraiment déçus.
Est-ce toujours la distribution automobile qui domine ?
Clairement, l’automobile représente près de la moitié de notre chiffre d’affaires à travers notre joint-venture dans Tractafric motors corporation. Après, c’est la distribution des produits Volvo via le réseau SMT, puis de DEM group (les véhicules de chantier John Deere, Hitachi, Ndlr) et SDIAG pour la partie agriculture et autres.
L’un de vos défis, en 2012, a été l’intégration de votre activité de distribution automobile Deminpex avec des filiales du groupe marocain Optorg au sein de Tractafric motors corporation. Pouvez-vous nous rappeler les enjeux de cette alliance ?
C’est en effet une alliance très importante puisque nous sommes maintenant le numéro 2 en Afrique subsaharienne dans la distribution automobile. En tant qu’actionnaire, on peut dire que c’est un projet qui fonctionne très bien. La collaboration sur le terrain a rapidement été effective grâce à la complémentarité entre les deux groupes. L’objectif est de passer à l’étape supérieure par une croissance interne et externe.
Vous pouvez préciser ?
On sait très bien qu’il y a des opportunités, notamment au Maghreb.
Revenons au consortium SDA-SDAI. Il est très diversifié, quel lien existe-t-il entre toutes vos activités ?
C’est très facile. Notre stratégie est claire et basée sur la distribution. Nous sommes spécialisés, d’une part dans la distribution automobile, comme nous l’avons vu, et d’autre part dans les équipements de chantier, de BTP et miniers, avec deux pôles, Hitachi et John Deere d’un côté, et Volvo de l’autre. Un troisième pôle assure la distribution officielle de John Deere agriculture dans trois pays africains. Nous sommes distributeurs officiels de marques Premium dans 25 pays africains. Notre objectif est d’étendre ces marques dans de nouveaux territoires.
En 2013, vous avez créé cinq nouvelles filiales. Est-ce un rythme normal d’ouverture ?
Non, actuellement nous avons un rythme soutenu. Mais nous sommes prêts à croître en fonction des possibilités.
Vous êtes très présents à l’Ouest. L’Afrique de l’Est est-elle un objectif ?
C’est vrai que nous ne sommes pas présents en Afrique de l’Est. Ce n’est pas « LA » priorité des priorités, mais s’il y a des opportunités, nous ne les négligerons pas.
Et le Maghreb ? On dit par exemple que Tractafric ne pourra rivaliser avec le N°1 africain Cfao (1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires) que lorsqu’il sera bien implanté au Maghreb. Qu’en pensez-vous ?
Au Maghreb, il y a beaucoup de développements possibles, aussi bien dans l’automobile que dans l’équipement. C’est en effet une zone géographique que l’on souhaite développer.
Dans votre métier, la gestion des devises, la variation des changes est stratégique. Comment en évitez-vous les pièges ?
C’est fondamental. Le principal problème réside dans la différence entre la monnaie d’achat du fournisseur et la monnaie de vente. Nous vendons principalement au client en euros ou en dollars. Nous avons mis en place une politique de couverture systématique depuis plusieurs années. Nous gardons nos stocks en devises et nous convertissons uniquement lorsque nous avons le bon de commande. On gère vraiment cela en bon père de famille. Nombre de nos concurrents ont eu des problèmes, certains ont même fait faillite à cause de la mauvaise gestion du risque de change. C’est en effet un élément essentiel.
Quelle est votre politique d’investissement ?
Nous avons énormément investi ces deux dernières années pour renforcer notre réseau et le mettre aux normes des constructeurs, afin de répondre à la demande. En 2012 et 2013, nous avons énormément investi dans les réseaux de distributions.
On investit en Afrique parce qu’on y croit. Dans plusieurs pays, nous sommes en phase start-up, comme au Gabon ou au Cameroun. Nous croyons au développement de ces pays. Dans deux ou trois ans, nous y disposerons dans chaque pays de structures intéressantes qui feront vivre de 50 à 100 collaborateurs sur place.
Comment vous financez-vous ? Sur fonds propres ?
On essaie d’être très raisonnable. La maison mère finance principalement les investissements. Pour le reste, les besoins en fonds de roulement, on fait appel à nos partenaires banquiers, soit localement ou ici en Belgique. Notre ratio de solvabilité est de 54%, nous sommes loin d’être surendettés !
Et le recours au marché boursier ?
C’est une alternative de financement, mais il n’y a pas d’introduction en bourse prévue. Nous avons un pôle de croissance assez important et nous savons le financer.
Propos recueillis par Jean-Michel MEYER
© Notre Afrik N°39, Décembre 2013
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