Oct 03, 2013 FACON DE VOIR 6
Il serait mal venu de critiquer a priori les soubresauts de la vie politique malgache, alors que l’on se plaint par ailleurs de la relative indifférence dans laquelle se perpétuent bon nombre d’autocraties sur le continent. Force est cependant de constater que depuis plus de quarante ans, la Grande Île s’enlise dans un interminable cycle de crises politiques, les unes aussi graves que les autres. Et la dernière en date, loin d’être des moindres, se transforme chaque jour davantage en véritable tragédie sociale et politique. Une tragédie qui se déploie en plusieurs Actes et dont l’issue est aussi incertaine qu’inquiétante.
Premier Acte, début 2009. Le renversement de l’ex-président Marc Ravalomanana et la prise de pouvoir, non conforme à la Constitution, par l’actuel président de la transition, Andry Rajoelina, en mars 2009. Depuis lors, ce dernier est confronté à une contestation permanente des partisans de Marc Ravalomanana et des deux anciens présidents de la République, Didier Ratsiraka et Albert Zafy. Après moult tractations et médiations, il est convenu d’organiser des élections le 8 mai 2013, afin de mettre un terme aux quatre années de transition et de crise politiques.
Deuxième Acte, le 15 janvier 2013. Andry Rajoelina annonce solennellement qu’il ne se présentera pas aux élections, dans un souci d’apaisement politique. Son rival, Marc Ravalomanana, fait de même, tandis que Didier Ratsiraka et Albert Zafy semblent hors jeu.
Troisième Acte, le 14 avril. Lalao Ravalomanana, l’épouse de l’ex-président, est désignée par son camp pour concourir à l’élection présidentielle. Puis le 27 avril, c’est au tour de Didier Ratsiraka d’annoncer sa candidature. Face à cette nouvelle configuration, Andry Rajoelina fait volte-face et se lance également dans la course le 3 mai 2013.
Quatrième Acte. La Cour électorale spéciale (CES) valide ces trois candidatures manifestement illégales, les deux premières parce que les concernés n’ont pas résidé sur le territoire les six derniers mois comme l’exige la Constitution, et la troisième pour avoir été introduite plusieurs jours après la clôture du dépôt des candidatures. Protestations, médiations, recours tous azimuts et même menaces régionales et internationales n’y changeront rien, du moins jusqu’à ce jour. La CES, dont les décisions sont non susceptibles de recours, refuse d’invalider les trois candidatures problématiques. Tout au plus accepte-t-elle de repousser au 23 août l’élection présidentielle, laquelle avait déjà été reportée au 24 juillet. Mais encore faut-il que cette nouvelle date soit approuvée par tous les protagonistes et bailleurs de fonds, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. L’impasse semble donc totale. Comment en sortir? Trois pistes!
1 – Une solution réaliste et consensuelle, qui intègre au besoin la possibilité des candidatures de substitution pour ceux qui se désisteraient, et naturellement l’assentiment des 38 autres candidats ou tout au moins de la majorité d’entre eux. C’est pourquoi les multiples appels au simple retrait des trois candidatures à problème sont pour le moins irréalistes, car il en résulterait l’exclusion de la mouvance Ravalomanana de la course à la présidentielle, Lalao en étant la seule représentante.
2 – Un arbitre crédible et impartial, ce qu’est loin d’être la CES, qui s’est profondément discréditée en s’écartant de la légalité. Et lorsque le pouvoir judiciaire se fait ainsi législateur, il institut la confusion des pouvoirs, prélude à la confusion sociale et politique. C’est pourquoi la CES, déjà contestée par bon nombre des 41 candidats en lice pour la présidentielle, doit être modifiée tant dans sa composition que dans son fonctionnement et ses prérogatives. Il y va de la crédibilité du scrutin, et en l’occurrence de l’évitement d’un scénario à l’ivoirienne qu’appréhendent déjà un certain nombre de candidats et d’observateurs.
3 – Des candidats dignes et soucieux de l’intérêt national, ce que ne semblent pas être les trois candidats de la discorde. En se retirant de la course au profit d’autres candidats (de substitution), ils valideraient pourtant de fort belle manière leur ticket d’entrée dans l’histoire malgache. Mais sont-ils encore capables d’entendre ainsi la voix de la sagesse? Il faut l’espérer. Mais rien n’est moins sûr, tant la surdité passe pour une maladie dont la forme politique est réputée être la plus évoluée…
© Notre Afrik N°35, Juillet-Août 2013
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