Juil 21, 2018 La chronique 0
Au mois de mars dernier, s’est tenue à Niamey, une « conférence sur la coordination pour la lutte contre les trafiquants de migrants ». Organisée par le Niger, y participaient des représentants de neuf pays africains (Tchad, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal et Libye), de quatre pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne) ainsi que de l’Union Européenne et de l’ONU. Cette rencontre de haut niveau se proposait de lutter contre les passeurs de migrants afin d’éradiquer la migration. Rien que cela ! M. Collomb, ministre français de l’intérieur s’est félicité que le Niger ait « barré la route du Nord » vers la Libye. Il a raison, les Africains font le sale boulot pour brimer leurs populations. L’Union Européenne paie bien les garde-côtes Libyens pour courser les migrants dans les eaux de la Méditerranée ! C’est ainsi qu’a été découvert « avec horreur » l’esclavage des Africains sub-sahariens par des Libyens. Une découverte. Comme si c’était la première fois.
L’indignation est facile lorsque les images viennent d’un grand média comme CNN qui avait diffusé des images de camps où des hommes étaient vendus comme du bétail. Personne n’avait bougé auparavant lorsque les ONG signalaient les crimes commis.
Revenons au Niger. Pays pauvre d’entre les pauvres, frontières incontrôlables dans le Sahara, moyens dérisoires pour lutter contre les passeurs, il est aujourd’hui au centre des attentions, considéré comme un « bon élève ». Très bon élève qui traque ses enfants et les autres les empêchant de fuir l’absence de travail et de perspectives.
Ce pays est quand même le 4e producteur mondial d’uranium, ce qui devrait lui apporter quelques subsides à même de l’aider à soutenir l’activité économique et ainsi offrir du travail à ses enfants. Que nenni. Selon Oxfam France, « l’uranium représente plus de 70% des exportations du pays en 2010 mais moins de 6% du PIB. »
Le grand écart. Où va l’argent de ce minerai hautement stratégique, très demandé ? Il faudra demander à Areva et aux dirigeants Nigériens, les « bons élèves ». Bon mais ce n’est pas notre problème, n’est-ce pas ? La question qui nous préoccupe est le devenir de toutes ces femmes et ces hommes qui, au risque de leur vie, traversent le désert puis la Méditerranée, en quête d’une alternative. Et partout ils sont empêchés quand ils ne sont pas maltraités, violentés.
Le Niger bon élève, oui je veux bien. Pour sa manière de s’occuper du destin de tous ses enfants. Et non pas comment servir l’Europe saisie de peur et d’envie de se refermer sur son confort. Pour son aptitude à réaliser un partage équitable des richesses et non laisser quelques prédateurs s’en emparer.
Là, le bon élève pourrait mettre en place une organisation, avec les moyens nécessaires, qui mettrait fin à l’activité des passeurs, en leur offrant à eux aussi des possibilités de s’insérer dans le tissu économique du pays en toute légalité.
Partir de son pays est un droit. Jamais un crime. Il devient crime quand il y a non-assistance à population en danger. Dans le cas présent, il y a non-assistance à des femmes et des femmes en danger imminent et constant. Il faut absolument et urgemment redonner une dignité à nos sœurs et nos frères qui sont des naufragés du désert et de la Méditerranée.
Pas en les chassant, les repoussant. En leur offrant de nouvelles perspectives, à commencer par le travail. Et surtout pas en étant le gendarme de l’Europe. ■
Yahia Belaskri
Ecrivain
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