Jan 28, 2014 A MON AVIS 0
Jamais échéance n’a été si pesante et si problématique au Burkina Faso. Alors que le compte à rebours a commencé pour l’élection présidentielle de 2015, le paysage politique national est en pleine recomposition avec notamment l’apparition de nouvelles forces. En effet, la démission, le 4 janvier, d’une centaine de militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir), dont plusieurs poids lourds de la vie politique, engage indubitablement le pays dans un nouveau tournant politique. Anciennes pièces maîtresses du parti présidentiel, qui domine de la tête au pied la vie politique au « pays des Hommes intègres », Rock Marc Christian Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré — pour ne citer que ceux-là — viennent de prendre date pour les batailles politiques futures en claquant la porte du CDP et en portant une nouvelle formation politique, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), sur les fonts baptismaux.
A l’agenda de ce nouveau parti, peser, d’abord, sur l’échéance présidentielle de 2015, déjà parasité par le débat sur la mise en place d’un Sénat et l’éventuel recours à un référendum pour modifier l’article 37 de la Constitution, afin de permettre à Blaise Compaoré de prolonger son bail à la tête de l’Etat. Et ensuite, sans doute, se positionner comme un parti de référence, capable de proposer une alternative crédible en se réconciliant avec le peuple dont il semble vouloir épouser, à présent, les aspirations au changement.
Hier sujet de ralliement et de rassemblement au sein du CDP, qui jugeait discriminatoire et « anti-démocratique » la limitation du mandat présidentiel à deux quinquennats successifs, l’article 37 de la Constitution est devenu aujourd’hui le plus grand commun diviseur au sein même de la mouvance présidentielle. Car décidément, ce projet de révision divise profondément la classe politique burkinabè, et au-delà les populations qui se sont largement mobilisées le 18 janvier dernier, à l’appel de l’opposition, pour exprimer leur désir de changement sur tous les tons et dans toutes les langues.
Dans ces conditions, que peut bien apporter un Front républicain qui rassemble indifféremment des pros et anti-révision constitutionnelle ? Cette coalition d’une quarantaine de partis et formations politiques de la mouvance présidentielle et de l’opposition, « soucieux de la promotion des valeurs républicaines », ambitionne de mettre en place« une plateforme de concertation et d’actions collégiales sur des questions essentielles de la nation ». Mais sur le papier, ce Front ressemble bien à un mariage de carpes et de lapins, même si sa mise en place, prévue de longue date, vise à « éviter à notre pays de compromettre sa stabilité et son avenir ».
De toute évidence, et au-delà des inquiétudes latentes quant à l’épilogue que connaîtrait la nouvelle tournure politique au Burkina Faso, les derniers évènements ont d’ores et déjà donné du punch au débat national. Et si le CDP affirme ne pas être ébranlé par ces départs de poids, il n’en demeure pas moins que le parti est acculé, obligé de compter minutieusement ses « vrais amis » pour trouver une parade à cette grosse… avarie qui vient de toucher le navire. Entre allégeance et opération de séduction.
Apportant sa note à ce débat, l’Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), l’un des soutiens du président Blaise Compaoré qui se refuse cependant à composer avec le CDP ou à cautionner une révision de l’article 37, a invité les acteurs politiques nationaux à ouvrir, dans les meilleurs délais, un dialogue sincère pour poser « les bases d’une transition apaisée ».
Que va faire à présent Blaise Compaoré en ces instants de graves questionnements pour la nation ? Retranché dans son palais de Kosyam, emmuré dans un profond silence, les seuls signaux énigmatiques envoyés par l’homme fort de Ouaga transitent désormais par le réseau social Twitter : « Certains écrivent trop facilement l’histoire avec leurs émotions. L’histoire se chargera de rétablir la vérité », a-t-il écrit le 20 janvier. Pour le Premier ministre Luc Adolphe Tiao, qui recevait récemment les vœux de la presse, « aucun acte ne sera posé pour déstabiliser le pays ou déranger la quiétude et la paix sociale ». Dont acte.
Thierry Hot
© Notre Afrik N°41, Février 2014
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