Nov 18, 2015 DOSSIER, RD Congo - Des infrastructures pour l'émergence 0
Routes, aéroports, chemin de fer, ports, voies fluviales… le gouvernement a fait du développement et de la modernisation des infrastructures de transport un cheval de bataille pour hisser le pays sur le chemin de l’émergence.
Par Lucien Ahonto, envoyé spécial
Retrouvez ici l’ensemble du dossier « RD Congo – Des infrastructures pour l’émergence ».
« Tu ne vas pas reconnaître l’aéroport de N’Djili. Les travaux sont pratiquement terminés et tout a complètement changé », me dit un de mes contacts à qui je faisais part de mon arrivée prochaine à Kinshasa. « Ah bon ? Tant que ça ! », lui ai-je répondu, méfiant des exagérations des Congolais, aussi vastes que leur pays, lorsqu’il s’agit de la République démocratique du Congo (RDC).
2 août 2015. En débarquant sur le tarmac de l’Aéroport international de N’Djili, je suis en effet obligé de constater que les déclarations de mon contact, pour une fois, sont loin d’être exagérées. Inauguré en grandes pompes le 25 juillet dernier par le chef de l’Etat, Joseph Kabila, en présence du Premier ministre Matata Ponyo et des membres gouvernement, l’aéroport de la capitale congolaise, construit dans la première moitié des années 1950, et qui n’a jamais connu des travaux de grande envergure après soixante ans d’âge, a fait peau neuve en se dotant d’infrastructures modernes. Se conformant ainsi aux normes de la navigation aérienne internationale.
La modernisation de N’Djili se situe dans la feuille de route que s’est fixée Joseph Kabila, faire de la RDC un pays émergent à l’horizon 2030 à travers deux programmes : d’abord les « Cinq chantiers de la République », puis la « Révolution de la modernité ». Un programme que le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon exécute, avec réussite, depuis sa nomination en avril 2012.
L’un des piliers de cette « Révolution de la modernité » repose sur la construction et l’amélioration des infrastructures de transport à travers tout le pays. « Des grands chantiers vont progressivement s’ouvrir partout à travers la République. Kinshasa, Bas-Congo, Bandundu, Katanga, Maniema, Equateur, Province Orientale, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Nord Kivu et Sud Kivu, aucune province ne sera en reste! », avait promis le chef de l’Etat dès 2008.
Dans un pays de 2.345.858 km² de superficie, deuxième plus grand territoire du continent après l’Algérie, soit quatre fois plus que la France, soixante dix-huit fois plus que la Belgique, les infrastructures jouent un rôle vital. « A la fois pour notre développement et notre sécurité », souligne un conseiller du Premier ministre, ajoutant que c’est un défi à relever par les autorités pour poser les bases de l’émergence du pays.
« Notre pays ne peut émerger en se dispensant des efforts sur le plan des infrastructures. Depuis une dizaine d’années, nous affectons une part importante de nos ressources aux études, à la construction et à la rénovation des routes, des chemins de fer, des ponts, des aéroports, des bacs et d’autres infrastructures et équipements », a assuré, l’an dernier, le président Joseph Kabila lors d’un discours sur l’état de la nation. Conséquence de cette politique: depuis 2011, l’ensemble du territoire est en chantier, sous la houlette du chef de gouvernement. Avec des résultats probants, comme en attestent les nombreuses inaugurations de routes, ponts, aéroports, voies ferrées auxquelles ont assisté les Congolaises durant ce premier semestre 2015.
Dans le domaine aérien, mis à part l’aéroport international de N’Djili, à Kinshasa, qui a subi des travaux de grande envergure qui vont « lui permettre de traiter un million de passagers à l’international par an », selon Abdallah Belenge, administrateur délégué général de la Régie des voies aériennes (RVA), avec notamment une nouvelle aérogare modulaire de 10 000 m², une tour de contrôle de 34 mètres, un tarmac dont la superficie a été augmentée, et des équipements techniques dernier cri, le gouvernement s’est également lancé dans la rénovation de trois autres plateformes aéroportuaires internationales du pays. C’est le cas de l’aéroport de Luano, à Lubumbashi, dont les nouvelles infrastructures ont été inaugurées le 25 juillet dernier.
Dans la ville cuprifère, la piste a été élargie et sa longueur portée à 3 250 mètres ; la superficie du tarmac est passée de 26.000 m² à 33.000 m², permettant d’accueillir en stationnement sept gros porteurs, et la tour de contrôle a aussi pris de la hauteur, passant de 15 à 29 mètres avec des équipements modernes. Luano dispose également d’une caserne anti-incendie avec un dispositif de ravitaillement en eau de 20.000 litres, contre 18.000 litres généralement requis pour cette catégorie d’aéroport. Coût de l’opération: près de 65 millions de dollars financés par la Banque africaine de développement (52,912 millions de dollars) et le gouvernement congolais (11,9 millions de dollars) grâce à la redevance « Go pass », taxe dont doit s’acquitter tout voyageur.
Dans le Nord-Kivu, l’aéroport de Goma a aussi connu des travaux de réhabilitation, dont la construction d’une nouvelle piste (l’ancienne avait été amputée du tiers de sa longueur suite à une irruption volcanique en 2002) inaugurée le 3 août par le chef de l’Etat, — qui a aussi posé la première pierre de la future aérogare de la capitale provinciale — en présence du Premier ministre.
Si l’accent est mis pour le moment sur les quatre aéroports internationaux (Kinshasa, Lubumbashi, Goma et Kisangani) du pays pour leur mise aux normes internationales, la RDC est décidée à se mettre en règle vis-à-vis de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) qui l’a longtemps épinglée, et à sortir de la liste noire de l’Union européenne qui interdit l’accès à son ciel aux avions congolais.
« Nous avons cinquante-quatre aéroports au Congo, gérés par la Régie des voies aériennes, ouverts au service public. Sur cette liste de cinquante-quatre, nous avons priorisé les quatre premiers aéroports internationaux qui seront aux normes d’ici 2016. Les cinquante autres sont également programmés pour une mise aux normes progressive. Dans le budget 2016-2017 quatorze sont déjà programmés pour une mise aux normes en termes d’infrastructures d’aide à la navigation aérienne et en termes de bâtiments et chaussées aéronautiques. Et d’ici à 2020, les cinquante-quatre aéroports pourront être aux normes. Un programme progressif existe », assure le directeur général de la RVA. Une mise en conformité avec les normes internationales de navigation aérienne qui s’avère urgente avec la création, en août 2014, d’une nouvelle compagnie aérienne, Congo Airways, et l’achat deux avions Airbus A320 dont le premier, baptisé Patrice-Emery Lumumba, livré le 30 juillet dernier, a effectué son premier vol à la mi-août.
Autre secteur clé des infrastructures de communication où le gouvernement s’active : le réseau routier. Jusqu’à l’indépendance en 1960, le pays comptait environ 2.000 kilomètres de routes revêtues, pour une superficie de plus de 2 millions de km². Au lendemain de l’indépendance, et pendant 30 ans, moins de 1 000 kilomètres de routes revêtues ont été construites. Alors que les besoins ont été décuplés et la population multipliée. « Nous avons un taux très faible de routes bitumées par rapport aux autres pays du continent, compte tenu de l’envergure de notre réseau », reconnaît Jacques Baikpon Kalonga, du collège Infrastructures et Transports à la primature.
Pour inverser la tendance, le gouvernement a mis en place le programme la « Réunification de la République par la route » (RRR), financé essentiellement sur fonds propres. Ce programme a pour but d’interconnecter les villes, les chefs-lieux des provinces, les districts sur l’ensemble du territoire national en mettant l’accent sur le réseau dit d’intérêt général, aujourd’hui de plus de 152 000 kilomètres, et qui ne présente que 2.800 kilomètres de routes revêtues.
Selon les autorités de Kinshasa, si en 2006, seulement 6.200 kilomètres de routes étaient plus ou moins praticables, sur les 58.000 kilomètres du réseau d’intérêt national, aujourd’hui, ce sont 21 000 kilomètres qui sont effectivement praticables. « Et l’effort ne s’arrêtera que lorsque nous aurons atteint un seuil de réalisations garantissant la fluidité totale du réseau », recommande le chef de l’Etat. Il a ainsi lancé, le 30 avril dernier à Boma, dans la province du Congo-central (ex-Bas-Congo), le début des travaux de construction des axes routiers Boma-Matadi (110 km) et Boma-Muanda (95 km). Puis, récemment, les travaux d’élargissement de la RN 1 (Route nationale N°1) sur le tronçon Lubumbashi-Kasumbalesa-Likasi, en présence du Premier ministre.
Avec ses 3.130 kilomètres, la RN 1 relève d’une importance capitale pour l’économie congolaise. Elle relie onze des vingt-six provinces actuelles et constitue une porte vers l’Afrique australe et orientale. « Il est question de faire de la RN 1 une route moderne qui, non seulement assure la connexion entre le Sud et l’Ouest de notre pays, mais aussi permette à la République démocratique du Congo de jouer le rôle de corridor entre les deux Communautés régionales (Comesa et SADC, Ndlr)« , a insisté le ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction, Fridolin Kasweshi, lors du lancement des travaux le 18 juillet dernier. D’un coût global d’environ 64 millions de dollars, les travaux visent notamment l’élargissement et la modernisation de l’axe.
Un des points épineux de la feuille de route dans le domaine des infrastructures demeure la réhabilitation du chemin de fer. Devenu obsolète et défaillant depuis des décennies, à cause de la vétusté du matériel, mais aussi de la gestion calamiteuse de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), entreprise publique, le réseau ferroviaire reprend lui aussi des couleurs, avec la réhabilitation de nombreuses voies et le renouvellement du matériel roulant.
Fin juillet dernier, le gouvernement a réceptionné 18 locomotives sur financement de la Banque mondiale. Il attend également l’arrivée incessante d’un autre lot de 20 locomotives achetées sur fonds propres du pays, à hauteur de 33 966 035, 01 dollars. La dernière acquisition de locomotives neuves par la SNCC remonte à… 1976 ! La société prévoit également l’achat de plusieurs dizaines de voitures neuves. Preuve de la détermination du gouvernement à doter le pays d’infrastructures de transport de bonne qualité.
Les grands travaux d’infrastructures, inscrits dans les deux programmes du chef de l’Etat, « ne sont pas un mythe, c’est une réalité à travers tout le pays, souligne un conseiller de la primature. Et cela personne ne peut le nier ». Des réalisations rendues possibles par la bonne gouvernance et l’orthodoxie dans la gestion des finances publiques, crédo du Premier ministre Augustin Matata Ponyo depuis 2012.
Par Lucien Ahonto, envoyé spécial en RD Congo.
© Notre Afrik n°58, Septembre 2015.
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