Mar 02, 2014 Mandela Forever 0
Ecrivain et ancien homme politique sénégalais, le président de l’ONG Enda, 85 ans, évoque ici l’héritage laissé par Nelson Mandela. Pour lui, « ceux des hommes noirs qui sont au pouvoir mais suivent un itinéraire différent sont condamnés à perdre »…
Notre Afrik : L’aventure ambigüe ou Les gardiens du temple. Selon vous, lequel de ces titres de vos deux romans incarne le mieux Mandela ?
Cheikh Hamidou Kane : Ce serait davantage Les gardiens du temple. Car l’aventure ambigüe n’a pas été la fin de l’histoire. La mort de Samba Diallo ne signifie pas qu’il ait perdu la foi, la religion musulmane qui est celle de son enfance, ni qu’il ait perdu foi dans la culture noire. C’est pour cette raison que j’ai senti la nécessité d’écrire Les gardiens du temple, où Salif Bâ, peulh musulman, enraciné dans ses valeurs culturelles, a été à l’école jusqu’au niveau supérieur comme Samba Diallo. Il est par contre revenu, s’est investi, a travaillé, a vécu.
Mandela, ce serait Les gardiens du temple. Une fois qu’il a fini ses études, il a ensuite mené le combat, s’est investi dans son pays. Il est devenu leader politique, président de la République. Un mandat, puis il s’est retiré pour devenir une conscience nationale. Il est véritablement le gardien du temple.
Quel regard portez-vous sur l’homme ?
Mandela appartient à cette génération des « aînés africains du XXe siècle », comme Ahmadou Hampaté Bâ, Joseph Ki-Zerbo, Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor… C’est la génération qui a réagi au mépris de l’homme blanc par le défi. Mandela a été un ingénieur actif de la décolonisation de l’Afrique du Sud. Sa génération a compris qu’il fallait éclairer le futur par la prospective. Il est emblématique d’une génération de la race noire qui a subi des mains de l’homme blanc européen les pires sévices, le mépris et l’exploitation. Et qui ont su leur opposer un défi qui a réussi intellectuellement dans la mesure où ils ont atteint les niveaux de formation les plus enviables en vigueur en Occident tout en gardant leur identité.
Quel héritage laisse-t-il ?
Dans Un long chemin vers la liberté, il raconte la manière dont, pendant son enfance, le Régent, chef traditionnel, organisait la justice dans ce qu’il appelle la grande maison. Les anciens palabraient jusqu’à ce qu’on ait un consensus. Le chef écoutait et pouvait être critiqué. Les griots étaient là pour arbitrer. Cela, c’est ce que j’appelle, avec Ki-Zerbo, le « métabolisme des peuples noirs », qui est celui du dialogue, du consensus, de la palabre.
Mandela et les membres de l’ANC ont triomphé de l’apartheid et mis à sa place un gouvernement où la majorité n’écrase pas la minorité, où il y a un processus de réconciliation et de consensus. Et c’est cela qu’il faut continuer à faire. Inculturer la manière de nous gouverner avec nos valeurs traditionnelles.
Je ne me souviens pas d’avoir vu un homme dont la disparition ait suscité autant d’émotion authentique. Ce n’est pas un guerrier ou un grand révolutionnaire qu’on admire en lui. Tous ceux qui le pleurent, pleurent en lui un modèle qui pourrait être un père ou un grand-père. Ceux des hommes noirs qui sont au pouvoir, mais suivent un itinéraire différent, sont condamnés à perdre. La leçon qu’il a donnée est enracinée dans la conscience d’une majorité de jeunes et se transmettra inéluctablement aux générations suivantes.
Propos recueillis à Dakar par Ousseynou nar Gueye
© Notre Afrik N°40, Janvier 2014
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