Déc 01, 2014 A MON AVIS, BLOG 0
Il avait une voie royale pour quitter le pouvoir en beauté dans un an et solder, du même coup, le passé de son accession à la tête de l’Etat burkinabè, qu’il traîne comme un boulet depuis 27 ans. Après avoir pris le parti de « rectifier la révolution » qu’il a engagée avec son frère d’armes, Thomas Sankara, avant de rectifier lui-même la rectification et de donner une lumineuse visibilité au « pays des Hommes intègres », Blaise Compaoré a malheureusement — tristement, devrais-je dire — raté sa sortie. Complètement.
L’heure du bilan viendra sans doute avec une bonne part d’actions à verser dans la colonne des acquis, mais pour l’instant je cherche toujours en vain à comprendre pourquoi et comment l’ancien médiateur tous azimuts n’a « entendu et compris » le message de son peuple qu’une fois la grogne violemment exprimée, la révolte bruyamment démontrée, l’insurrection éloquemment généralisée. En effet, c’est bien une insurrection populaire, consécutive aux frictions nées des velléités de renouvellement du bail présidentiel qui a emporté Blaise Compaoré et ses affidés, à un an du terme de son deuxième et dernier quinquennat à la tête de l’Etat.
Il fallait être aveuglé pour ne pas se rendre compte de la montée des tensions et des périls dans un climat sociopolitique on ne peut plus délétère. Mais qui aurait pu imaginer que l’épreuve de force engagée au début de l’année par d’anciens caciques qui ont rompu avec fracas les amarres du parti au pouvoir conduirait à un tel épilogue? En décidant de siffler, sans équivoque, la fin d’un match qui a longtemps monopolisé le débat public, les populations burkinabè, sorties massivement les 30 et 31 octobre derniers, ont incontestablement donné une leçon à l’Afrique et au monde.
D’abord, cet exploit, que l’on qualifie volontiers de « printemps noir » ça et là, indique fortement que les temps ont changé et que, manifestement, plus rien ne sera comme avant. Cette onde de choc sahélienne venue du cœur de l’Afrique de l’Ouest renseigne, si besoin en était encore, que nous vivons une époque nouvelle, largement animée par une population jeune, cette « génération réseaux sociaux » fortement ouverte sur le monde, qui ne s’en laissera plus conter et qui prendra son destin en mains. Mais plus largement, la vitrine démocratique qu’offre désormais le Burkina Faso est la preuve de la maturité d’une société civile plus forte, mieux organisée et déterminée.
Ce faisant, l’on doit méditer dans les palais présidentiels des pays d’Afrique sur cette réalité qui dicte le respect scrupuleux de la juste norme démocratique devant indéniablement reposer sur des « institutions fortes ». A l’aune de l’exemple burkinabè, qui a tôt fait d’être érigé en référence dans les capitales où le débat sur le charcutage des Constitutions fait encore rage, on se convainc que le peuple, dans son inaliénable souveraineté, reste le dernier rempart contre les « hommes forts ». Certes, si l’on peut admettre que chaque pays agit selon son tempo, ses réalités et son génie propre, il serait suicidaire d’adopter la posture des trois singes — « Ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre » — face à la quête cruciale de démocratie et de liberté qui sourd dans le cœur de la jeunesse d’Afrique. « La Révolution d’octobre » du Burkina vient ainsi donner un avertissement sans frais à tous les « tripatouilleurs » constitutionnels, qui devraient hardiment s’exercer à s’interroger sur le meilleur scenario qui leur reste pour sortir par le haut.
A présent que Blaise Compaoré s’en est allé, il reste au Burkina Faso de tourner dignement la page qui se referme et d’administrer cette autre preuve de sa maturité politique et démocratique. Le scénario qui s’écrit actuellement — avec le choix « juste et consensuel » de Michel Kafando pour diriger la transition afin de jeter les bases d’une refondation de la nation — tiendra-t-il toutes ses promesses?
© Notre Afrik N°50, Décembre 2014
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