Oct 03, 2013 FACON DE VOIR 5
Uhuru Kenyatta
Depuis lors cependant, le principal perdant, Raila Odinga, a entrepris de contester ces résultats par les voies de droit, auprès de la Cour suprême. Un contentieux postélectoral qui, à terme, ne devrait donc pas ternir outre mesure les avancées et espoirs suscités par cette élection pour le moins inédite et tendue. C’est en effet la première fois que des personnes inculpées de crime contre l’humanité sont ainsi portés à la tête de leur pays. Pour rappel, Uhuru Kenyatta et William Rutto sont poursuivis par la CPI pour leur implication supposée dans les violences postélectorales de 2007 au Kenya (plus de 1300 victimes). Ces violences avaient rapidement tourné à l’affrontement ethnique entre les Kikuyus d’une part, d’où sont issus le président sortant, Mwai Kibaki, et son successeur, Uhuru Kenyatta, et les Luo d’autre part, d’où est issu Raila Odinga, ainsi qu’un certain Barrack Hussein Obama qui, avec ses alliés, ont apporté un soutien non dissimulé à Odinga.
Mais dans un contexte électoral déjà marqué par de fortes tensions ethniques (500 nouvelles victimes depuis l’année dernière), le fait pour des Etats tiers d’apporter leur soutien à un candidat, et donc indirectement à une ethnie, relève d’une ingérence pour le moins incendiaire. En tout cas, on ne s’y prendrait pas autrement si l’on voulait provoquer l’embrasement du Kenya et y endiguer la maturation démocratique, antidote par excellence de l’impérialisme. Heureusement, les Kényans ont su, cette fois, se passer des pompiers pyromanes.
Deuxième observation. A la différence de l’Union africaine (UA) qui, par la présidente de sa Commission, Nkosazana Dlamini-Zuma, a spontanément et chaleureusement félicité le nouveau président Uhuru Kenyatta, comme de nombreux chefs d’Etats africains, les Etats-Unis et leurs alliés ont dû parler pour ne pas se taire, se contentant de féliciter le peuple kényan, mais jamais le président qu’il s’est choisi.
Troisième observation. Si le refus par l’UA d’exécuter le mandat d’arrêt de la CPI contre Omar El Béchir traduisait déjà l’exaspération des chefs d’Etats africains, l’élection conjointe d’Uhuru Kenyatta et William Rutto traduit à son tour celle des peuples africains, par rapport à une institution qui s’apparente chaque jour davantage à une cour pour insoumis (CPI), exclusivement noirs.
C’est pourquoi la CPI semble avoir résolument perdu toute crédibilité sur le continent, y compris auprès des quelques chefs d’Etats qui s’en servent encore pour éloigner leurs adversaires ou ennemis politiques. Elle a sinistrement viré à la comédie pénale, devenant le bras judiciaire de l’impérialisme et de la barbarie coloniale. Censée juger des actes criminels, elle est elle-même devenue criminelle (de par l’arbitraire de ses poursuites) et criminogène (à cause de la partialité de ses jugements).
Nulle part en effet, la CPI n’a à ce jour contribué à l’avènement de la paix, de la justice, ou encore de la réconciliation. Bien au contraire, elle n’a fait qu’attiser la division, la haine, l’ethnicisme, l’injustice, etc., en inculpant systématiquement les membres d’une seule partie au conflit (les vaincus ou les insoumis). Aussi le bons sens requiert-il plus que jamais de lui tourner le dos, ce d’autant que les crimes de masse qu’elle prétend réprimer sont à proprement parler hors de portée de la justice pénale. Ils relèvent davantage, faut-il le rappeler, de la justice politique, de la mise sur pieds de processus politiques de reconstruction et de réconciliation, afin de renouer le lien social brisé par le conflit.
Il faut donc espérer que le nouveau président kényan ignore désormais les scènes de cette comédie pénale internationale pour se consacrer au principal défi politique qu’il doit relever, celui de l’unité et de la stabilité démocratique de son pays. Et c’est sur ce terrain là qu’Uhuru Kenyatta est appelé à devenir plus que jamais le digne héritier de son père, Jomo Kenyatta, en trouvant les voies et moyens de reconstruire et d’affermir la nation kényane, autour d’un projet commun d’émancipation qui transcende la diversité de ses composantes ethniques.
© Notre Afrik N°32, Avril 2013
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