Mar 26, 2015 A MON AVIS, BLOG 0
Quelle mouche a donc piqué Didier Reynders ? Non content de s’être grimé en « Noiraud » le 18 mars dernier et d’avoir déclenché l’ire de certaines organisations de défense des droits humains, le ministre belge des Affaires étrangères est resté droit dans ses bottes en assumant son acte non sans malice: « C’est avec bonheur et bonne humeur que j’y ai participé », a-t-il en effet écrit sur son blog (www.didierreynders.be) lorsque la tweettosphère s’est émue de cette sorte de singerie de mauvais goût.
Mais de quoi s’agit-il ? Personnages du folklore de la haute société bruxelloise, les « Noirauds » déambulent traditionnellement dans les rues de Bruxelles en période de carnaval pour récolter, affirment-ils, des fonds destinés à l’enfance défavorisée. Tout partirait d’un bon sentiment. Où est donc le problème, me diriez-vous ? C’est que ces messieurs de la bonne société, outre le fait d’avoir choisi de farder leur visage de cirage noir, s’inspirent dans leur déguisement de la façon dont l’imagination populaire du 19e siècle se représentait les notables africains (veste queue-de-pie noire, pantalons bouffants de couleur vive, breloques clinquantes). Pire, l’un des symboles de cette confrérie fondée en 1876 est une tête de noir surmontant une pique avec un anneau dans le nez.
Ce folklore de mauvais goût n’avait jusque-là guère suscité de l’émoi dans le Royaume au-delà de la communauté africaine inaudible. Jusqu’à cette présence assumée le 18 mars dernier du chef de la diplomatie, Didier Reynders, personnage médiatique planétaire, dans les rangs des joyeux noirauds. Ravivant ainsi le débat sur la banalisation du racisme dans les pays occidentaux… Human Rights Watch n’est ainsi pas passée par quatre chemins pour accuser la Belgique d’être hantée par son passé colonial. « Allez-vous vous présenter avec ce visage teint en noir lors de votre prochaine rencontre avec des responsables africains? Honte à vous », a notamment lancé Peter Bouckaert de l’ONG américaine.
Nous sommes en droit de nous offusquer du fait que l’un des plus hauts représentants d’une nation occidentale joue ainsi à « Jacques où es-tu ? » sous le prétexte d’une « tradition » qui ne devrait plus obéir à la grille de lecture du monde contemporain. Car en réalité, c’est bien là que se situe le débat. S’il y a polémique sur cette sortie toute… « Noiraude » de Didier Reynders, c’est bien parce que, de par ses fonctions, il incarne – ou tout au moins devrait incarner – à la fois le Belge du bout du monde et le Belge lambda, citoyen du monde et artisan de la paix et de la concorde universelle. Sans compter qu’on reproche également à Didier Reynders, en filigrane, le fait de chercher la lumière alors que la philosophie des « Noirauds » est de rester dans l’ombre et de quêter incognito.
Il faut hélas regretter que la stigmatisation des couleurs, la montée en puissance, ces dernières années, de certains comportements et discours aient fini par faire le lit de stéréotypes racistes qui ont la peau dure. Aux avocats de Didier Reynders et des « Noirauds », je soumets, en guise de conclusion, cette réflexion du chroniqueur et écrivain belge Marcel Sel : « Quand les Japonais inventeront les Belgauds et nous imiteront en costumes ridicules avec un os dans le nez pour une action de bienfaisance, et que leur ministre des Affaires étrangères se mêlera à cette troupe cocasse, on verra bien combien de Bruxellois trouveront ça drôle ! »
Par Thierry Hot
Edito de © Notre Afrik N°54, Avril 2015.
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