Guinée-Bissau : nouvelles espérances…

Août 22, 2014 A MON AVIS 0

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C’est la bonne note du moment. Après des années de chaos sociopolitique marqué par des coups d’Etat à répétition et une période de transition de deux ans, la Guinée-Bissau renoue avec une vie institutionnelle « normale ». Elu en mai dernier à l’issue de consultations apaisées et crédibles, José Mário Vaz a en effet été investi dans ses fonctions de nouveau président de la République le 23 juin dernier.

Il s’agit là certainement de l’épilogue heureux d’un processus de restauration démocratique engagé notamment par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), au lendemain du énième putsch qui mit, en avril 2012, un coup d’arrêt à l’élection présidentielle alors en cours dans le pays. L’institution régionale ouest-africaine peut donc légitimement s’enorgueillir de cet aboutissement qui dessine de nouvelles perspectives pour la Guinée-Bissau et pour la région.

Si l’on peut considérer, pour s’en réjouir, qu’une nouvelle ère s’ouvre pour ce pays, membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, il n’est pas moins évident que le plus dur commence à présent pour faire fonctionner convenablement les institutions républicaines ainsi rétablies. Quatrième président démocratiquement élu, José Mário Vaz a la lourde mission de porter et de faire prospérer les espérances d’une population trop longtemps martyrisée et durablement traumatisée par les guéguerres militaro-politiques qui ont jalonné la vie de cette ancienne possession du Portugal, indépendante depuis le 10 septembre 1974. Le défi est herculéen, tout est à faire après la longue période d’errements politiques et de troubles multiformes qu’a connue ce petit pays, considéré comme l’un des plus pauvres du monde et qui abrite 1,5 million d’âmes sur ses 36 120 km².

Le nouveau chef de l’Etat en est sans doute conscient. « L’instabilité chronique dans lequel se trouve notre pays n’est pas la cause de nos problèmes mais plutôt une conséquence de l’extrême pauvreté (…) que nous allons tous combattre », a-t-il notamment martelé en entrant dans son costume de Président. Pour tourner la page sombre de l’histoire de ce pays, il faut en effet plus qu’une révolution institutionnelle. Si les élections générales de mai dernier ont également doté la Guinée-Bissau d’un nouveau Parlement présidé par Cipriano Cassama, 55 ans, agronome de formation, ancien ministre et ancien député, il reste donc que le renouveau institutionnel fonctionne véritablement comme un catalyseur pour relever les défis qui se posent avec acuité au pays.

A ce titre, les nouvelles autorités bissau-guinéennes devraient travailler hardiment à promouvoir le respect et le renforcement du cadre institutionnel démocratique ainsi restauré. Cela passe avant tout par le comportement exemplaire des tenants du nouveau pouvoir et de leur capacité à imprimer une vision plus inclusive d’une Guinée-Bissau à construire par tous. Mais cela induit également une gestion intelligente du personnel militaire qui a eu la haute main sur les affaires du pays pendant plusieurs décennies afin de générer rapidement, par l’éducation, une armée véritablement républicaine. José Mário Vaz réussira-t-il à sevrer définitivement l’armée du biberon politique ? Saura-t-il par ailleurs, avec son équipe, réussir le pari de l’emploi pour dynamiser la population, et l’engager à être actrice de progrès et de développement, pour elle-même et pour la nation ?

En tout état de cause, il est souhaitable qu’en renaissant des cendres de sa longue période d’instabilité, la… nouvelle Guinée-Bissau enterre définitivement ses vieux démons.

Par Thierry Hot

© Notre Afrik N°46, Juillet-Août 2014.

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• CEDEAO, Cipriano Cassama, élections, Guinée-Bissau, José Mario Vaz

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