Nov 02, 2014 A MON AVIS, BLOG 0
Depuis plusieurs mois déjà, c’est l’épidémie à fièvre hémorragique Ebola qui rythme le quotidien des populations en Afrique, dicte sa loi ci et là et n’en finit pas de semer panique et désolation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: « Sur les 9.936 cas d’Ebola enregistrés par l’OMS (Organisation mondiale de la santé, Ndlr), il y a eu 4.877 décès, presque tous survenus dans trois pays d’Afrique de l’Ouest (Liberia, Sierra Leone et Guinée) ». Ces chiffres, qui ressortent du bilan établi le 19 octobre dernier et jugés « inférieurs à la réalité » par l’organisation onusienne, soulignent combien la situation est inquiétante et nécessite la mobilisation de tous.
Malheureusement, depuis le déclenchement de cette épidémie qui touche si gravement le continent, on a trop souvent adopté une posture purement incantatoire, comme s’il suffisait de fermer les frontières et/ou d’annuler des vols pour qu’Ebola reparte dans sa tanière. Même l’institution panafricaine est restée curieusement aphone sur le sujet pendant de longs mois — Le conseil exécutif de l’UA ne s’est réuni sur la question qu’en septembre dernier — alors que la Commission de l’Union africaine avait là un sérieux problème social de dimension… panafricaine à prendre à bras le corps. Pendant près de huit mois, on n’a ni vu, ni entendu, ni senti la présidente de cette chère Commission monter au créneau pour dessiner une vision, esquisser un plan de riposte, susciter l’espoir…
Pourtant, l’élection, en 2012, de cette femme au caractère bien trempé à la tête de la Commission de l’Union africaine avait été chaleureusement saluée comme le signe d’un renouveau du continent. La raison en est simple. Brillante ministre des Affaires étrangères de son pays, l’Afrique du Sud, cette dame de principe, médecin de profession, était aussi une femme de tête, engagée dans la lutte anti-apartheid.
En sortant victorieuse du combat de gladiateurs qui l’a opposée à son prédécesseur, le Gabonais Jean Ping, la première femme à occuper ce poste hautement stratégique avait magistralement gagné le combat du changement. Changement dans la gouvernance, changement dans les méthodes, changement dans les mentalités pour une nouvelle Afrique, autrement plus déterminée, plus combattante, bref plus pro-active.
Tout un symbole qui s’est malheureusement effrité depuis, sonnant, à mi-parcours du mandat, comme le carillon d’un désenchantement assumé. « Elle nous fait regretter Ping », m’a même confié un chef d’Etat ouest-africain, soulignant combien l’action de Mme Zuma à la tête de l’institution panafricaine a déçu ses nombreux soutiens d’hier.
C’est pourquoi il est tout de même juste de saluer le fait que la présidente de la Commission de l’Union africaine se bouge enfin — entraînant astucieusement dans son sillage le président de la BAD, Donald Kaberuka, et le secrétaire exécutif de la CEA, Carlos Lopez — pour aller au cœur du problème. En sortant de ses bureaux de verre d’Addis-Abeba pour se rendre sur le terrain, à travers une tournée qui l’a conduite dans les trois pays où foisonne l’épidémie, Nkosazana Dlamini-Zuma agit enfin dans le bon sens. Quoique formelle, cette sortie, au moment où le cap des 10.000 cas était presqu’atteint, est la preuve qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Reste à savoir si cette amorce d’empathie pour les problèmes du continent, pour et au nom desquels elle a été élue, contribuera à effacer de la mémoire collective son silence assourdissant sur la crise politique que traverse le Burkina, ou encore son absence pesante à Bangui, le 15 septembre dernier, lors de la passation de service entre la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca). Une occasion manquée de magnifier le travail des troupes africaines, qui ont permis de sécuriser la capitale centrafricaine et payé un lourd tribut à la grave crise sociopolitique qui embrase ce pays depuis trop longtemps déjà.
Sur les chemins de sa renaissance proclamée, l’Afrique a plus que jamais besoin de nouveaux repères, de leaders qui savent baliser les chemins, tracer des voies, dégager des perspectives… De véritables avant-gardistes qui, privilégiant l’action au discours, alliant le geste à la parole, contribuent à faire repousser les limites de l’impossible et de la fatalité. Il faut cependant espérer que cette immersion sur les terrains où sévit gravement Ebola marque pour Dlamini-Zuma le tournant vertueux vers sa propre renaissance à la tête de la Commission de l’Union africaine, à deux ans de la fin de son mandat.
© Notre Afrik N°49, Novembre 2014.
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