Mai 05, 2014 A MON AVIS 0
C’est le nouveau pôle d’inquiétude du continent. Nouveau ? Pas tout à fait puisque le Burundi a déjà connu des années de guerre civile et tente de tourner ces sombres pages de son histoire. Disons donc plutôt que le pays de Melchior Ndadaye — premier président démocratiquement élu (1er juin au 20 octobre 1993), mais tué dans un coup d’Etat sanglant qui déchaînera des violences interethniques dans tout le pays —, est à nouveau dans l’œil du cyclone. Suscitant bien des interrogations à la veille du terme du second mandat du président Pierre Nkurunziza.
Depuis quelques jours en effet, un câble des Nations unies qui a provoqué la furie des autorités de Bujumbura nourrit bien des inquiétudes. Selon ce message confidentiel daté du 3 avril et émanant du Bureau des Nations unies au Burundi (Bnub) — qui a fuité depuis —, des armes et des uniformes auraient été distribués en janvier et février derniers aux Imbonerakure, la jeunesse du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD, au pouvoir). Et ce notamment dans une localité où vivent un grand nombre de militants de l’Union pour le progrès national (Uprona), le principal parti d’opposition tutsi. Tout en s’inquiétant de cet état de fait, l’ONU pointe également « la diffusion de messages à la radio, appelant la population à se tenir prête ». De quoi rappeler les années de braise suite à l’assassinat, le 6 avril 1994, des présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi, point de départ d’un génocide encore présent dans les esprits.
Les meurtrissures de ce génocide ne sont pas encore cicatrisées que les spécialistes n’écartent plus le spectre d’une « rwandisation » de ce pays qui a déjà tellement souffert. En tout cas, les dénégations de Bujumbura n’ont pas semblé convaincre grand monde. « C’est faux et archi faux. Le pouvoir de Bujumbura ne peut pas cautionner une distribution d’armes dans le pays parce que l’heure est au désarmement (…) Nous demandons aux Nations unies de revisiter leurs sources, de s’appuyer sur des faits concrets sur le terrain. Nous pensons que c’est peut-être le fait d’individus qui seraient animés par des intérêts sectaires », a pourtant martelé Willy Nyamitwé, le porte-parole du président burundais. Conséquence, le conseiller en sécurité du bureau des Nations unies, Paul Debbie, a payé le prix de son mémo en se faisant déclarer persona non grata dans le pays.
Cette surchauffe du climat politique est évidemment à mettre au compte du rendez-vous électoral de 2015. Bien que la Constitution lui interdise de faire à nouveau acte de candidature, le président Nkurunziza et ses ouailles semblent bien décidés à faire sauter le verrou de cette satanée limitation des mandats qui donne décidément des nuits blanches à bien des chefs d’Etat africains. Le maître de Bujumbura fera-t-il donc feu de tout bois, au risque de mettre le pays à sang pour ne pas céder le fauteuil auquel il ne devrait plus avoir droit au terme de son mandat en 2015 ? Je voudrais fortement croire que non…
Au demeurant, entre le pouvoir et ses alliés qui crient au complot, d’une part, et l’opposition, la société civile et les médias privés qui, eux, tirent la sonnette d’alarme, la situation est suffisamment préoccupante pour que chacun prenne sa part de responsabilité pour éviter au Burundi une nouvelle effusion de sang.
Thierry Hot
© Notre Afrik N°44, Mai 2014
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