Que s’est-il vraiment passé le 16 décembre dernier ? Les habitants de la capitale congolaise, qui ont cru revivre les affres de la guerre de 1997, s’interrogent encore.
La sérénité de la capitale congolaise a été ébranlée par des tirs nourris à l’arme lourde le 16 décembre dernier. En un éclair, la panique s’est emparée de la ville. Des bâtiments administratifs ont été évacués, des secteurs entiers de la capitale quadrillés par l’armée. Dans les quartiers populaires, les habitants peu informées de ce qui se passait étaient aux abois. Depuis la guerre civile, qui a mis le pays à feu et à sang pendant de longs mois en 1997, puis l’explosion du dépôt d’armes de Mpila, à Brazzaville en mars 2012, le moindre crépitement d’une arme à feu fait craindre le pire.
Le 16 décembre dernier, l’armée a effectué une descente au domicile du colonel Marcel Ntsourou, ancien secrétaire général adjoint du Conseil national de la sécurité, pour faire exécuter une décision de justice. La manœuvre a mal tourné provoquant une opposition d’une violence extrême. Sur le carreau 22 morts, de sources hospitalières. Davantage, selon des sources officieuses. Au bout du compte, le colonel Ntsourou a été neutralisé. Détenu dans un premier temps sous haute surveillance à la Direction de la surveillance du territoire, il a ensuite été transféré, le 22 décembre, à la maison d’arrêt de Brazzaville.
PSYCHOSE – Dans toutes les conversations des Brazzavillois, l’escarmouche du 16 décembre 2013 est au menu. Et les avis sont partagés. « Ce qui est arrivé est regrettable. Plus d’une vingtaine de familles ont été endeuillées. L’ironie du sort c’est que le colonel Ntsourou lui-même est vivant », lâche, désabusé, C. Samba, cadre de banque. Pascal N. est plus virulent : « Ntsourou a mis la vie de Congolais en danger. Il a semé le doute et la peur dans les esprits. » Mais le colonel dispose aussi des soutiens. Pour Alliance B., chauffeur de taxi, « l’acte du colonel Ntsourou est héroïque. Il faut que des gens se sacrifient dans ce pays pour que les choses changent ». Toujours est-il que la tendance générale au Congo est de conjurer toutes nouvelles scènes de violence. Les Congolais vivent la peur au ventre, hantés par les ravages de la guerre qu’a connue le pays en 1997.
Sur le plan politique, même si le pouvoir de Denis Sassou Nguesso n’a pas été menacé, l’épisode Ntsourou est venu remettre au goût du jour les dossiers qui ternissent l’image du président congolais. Il s’agit principalement de l’affaire des disparus du beach. Tombé en disgrâce après avoir été un proche du numéro un congolais, le colonel Ntsourou a déclaré à maintes reprises avoir des choses à dire sur cette affaire. Aurait-on voulu le réduire au silence ? Rien n’est moins sûr. Du côté du pouvoir, on s’en défend. Toujours est-il que l’opposition congolaise est peu audible sur ce qui s’est passé. Dans l’ensemble, l’incrédulité l’emporte sur la critique stérile. Pour Moukila C., un cadre, « l’occasion est trop belle pour critiquer le régime de Sassou. Mais nous ne voulons plus de guerre ici. En 1997, les gens ont trop souffert. Les politiciens, sur cet incident, ne peuvent pas faire de la récupération ». En tout cas, si certaines voix au Congo et ailleurs considèrent aujourd’hui Marcel Ntsourou comme victime d’un harcèlement politique, d’autres leur rappellent que celui-ci, de par les fonctions qu’il a occupées, est comptable du régime en place. En somme, le « petit règlement de comptes entre amis » comme certains désignent la situation actuelle ne devrait pas ébranler tout le pays.
Par SIMON PIERRE ETOUNDI, à Brazzaville © Notre Afrik N°40, Janvier 2014
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