Fév 28, 2014 A MON AVIS 0
Tous ceux qui misaient, même sans grande conviction, sur la retraite politique d’Abdelaziz Bouteflika, se disant que le vieil homme fatigué et malade n’avait plus rien à prouver à la tête de l’Etat algérien en ont pris pour leur grade. Comme ils se sont lourdement trompés ! Le 22 février dernier, c’est le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, qui a mis fin à un faux suspens en confirmant que M. Bouteflika restait dans la course à sa succession. Ainsi, après trois mandats, celui qui a dirigé l’Algérie depuis 1999 ne s’est toujours pas décidé à quitter ses fonctions. Il brigue donc un quatrième mandat, dira le chef du gouvernement, « sur l’insistance du peuple et à l’issue d’une profonde réflexion ».
En décidant de garder la main sur le pouvoir, le chef de l’Etat algérien montre bien qu’il n’est pas de ceux qui ont compris qu’on peut et doit prendre sa retraite politique, pour enfin s’élever comme une référence incontournable pour des générations. Pourtant, lors de sa dernière prise de parole publique, en mai 2012 à Sétif, Abdelaziz Bouteflika avait laissé entendre qu’il fallait « laisser la place aux jeunes générations ». En prenant le contre-pied de cette idée généreuse, il vient certainement de rater une sublime occasion d’entrer dans l’Histoire.
Plus encore, en prenant la décision d’y aller à nouveau, comme dans un cynique entêtement de « j’y suis, j’y reste jusqu’à la mort », Bouteflika relance le débat sur la limite à ne pas franchir en matière de gestion au plus haut niveau des affaires publiques. Est-on en droit de briguer la magistrature suprême de son pays lorsque les forces viennent à vous manquer et que l’âge et la maladie vous imposent de prendre le large ? En l’occurrence, dans le combat entre l’homme et le président, Bouteflika a sans doute oublié Abdelaziz, simple mortel aujourd’hui affaibli par la maladie.
Il n’est donc pas superflu de rappeler que le chef de l’Etat algérien, victime d’un accident vasculaire cérébral en avril dernier, a dû s’imposer une longue hospitalisation en France. Convalescent, son état reste un sujet de préoccupation puisqu’il ne se montre que rarement et n’a officiellement pas pris la parole depuis belle lurette. C’est donc un grand malade, âgé aujourd’hui de 76 ans, qui se lance l’ultime défi de rester à la tête de son pays, à l’issue du scrutin présidentiel prévu le 17 avril prochain. Un scrutin d’ores et déjà boycotté par la plupart des mouvements de l’opposition.
Au surplus, et en faisant abstraction de l’état de santé du « candidat » Bouteflika, il eût été plus sage, en ces instants où l’Algérie, mais aussi toute l’Afrique a besoin de repères pour réinventer la vertu politique, de donner un signal fort pour baliser l’avenir. Deux mois après la disparition de Nelson Mandela, on peut en effet regretter que la grande leçon politique qu’il a donnée au monde, celle d’une nouvelle vision plus rafraîchissante et hautement pragmatique de la gestion du pouvoir et de l’alternance en Afrique, n’ait pas fait tache.
En tout cas, il n’y aura pas de miracle en Algérie. Ou du moins, le nouveau point de repère politique du continent ne viendra pas d’Alger. Pas maintenant ! Tristement, Abdelaziz Bouteflika vient d’écrire un nouveau chapitre de la tragédie du pouvoir en Afrique. Quel dommage !
Thierry Hot
© Notre Afrik N°42, Mars 2014
Août 04, 2014 0
Nov 18, 2020 0
Nov 18, 2020 0
Oct 06, 2020 0
Nov 18, 2020 0
Juil 20, 2016 0
Mar 26, 2015 0
Fév 03, 2015 0
Nov 18, 2020 0
Alors que dans tous les pays africains la vie a quasiment...Nov 18, 2020 0
Alors que dans tous les pays africains la vie a quasiment...Mai 08, 2019 0
L | M | M | J | V | S | D |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | 2 | 3 | ||||
4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 |
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 |
18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 |
25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 |